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    Face aux Gilets jaunes, l'escalade des violences policières

    Face aux manifestations des Gilets jaunes, les forces de l’ordre, équipées d’armes dangereuses, ont causé de graves mutilations, un manifestant dans le coma et la mort d’une octogénaire.

    • Marseille (Bouches-du-Rhône), correspondance

    Samedi 1er décembre, la France a connu un épisode d’émeute inédit depuis les émeutes des quartiers populaires en 2005.

    Le mouvement des Gilets jaunes descendait une nouvelle fois dans la rue pour montrer sa colère : bataille autour de la place de l’Étoile à Paris, préfecture incendiée au Puy-en-Velay (Haute-Loire), ou encore gendarmes chargés au Pouzin (Ardèche)…

    Les actes d’une partie des manifestants ont été l’expression violente d’une rare colère. De Parisà Toulouse, en passant par Marseille, des barricades enflammées ont été érigées, des vitrines et des véhicules ont été vandalisées. « Je n’accepterai jamais la violence », a déclaré Emmanuel Macron depuis le G20, à Buenos Aires, en Argentine. Auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale lundi, Chrisophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a qualifié les actes des manifestants violents « d’extrêmement graves, d’indignes et de honteux ».

    Il a loué sans nuance « le courage et l’abnégation » des forces de l’ordre.

     

    Elles se sont pourtant rendues responsables d’actions, contraire à la déontologie et à l’origine de graves blessées et d’un décès.

    Trois mains arrachées depuis le 17 novembre

    Les manifestants ont subi un déluge de munitions sans précédent. Rien qu’à Paris, les CRS ont tiré 10.000 grenades de tous types, dont près de 8.000 lacrymogènes et 800 grenades de désencerclement. Ils ont tellement tiré que certaines unités se sont retrouvées en « rupture de stock ». Ces chiffres ne comptabilisent pas les moyens employés de leur côté par les gendarmes mobiles déployés à Paris. À titre de comparaison, les gendarmes avaient fait l’usage de 11.000 projectiles en 10 jours d’opération sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ce printemps.

    Le 1er décembre à Paris, les CRS ont aussi lancé 339 grenades explosives du très controversé modèle GLI-F4. Il est à l’origine de graves blessures et amputations. Depuis le déclenchement du mouvement des Gilets jaunes, un fonctionnaire du GIPN (Groupe d’intervention de la police nationale) a perdu une main à La Réunion le 21 novembre, et deux manifestants ont dus pareillement être amputés à Paris le 24 novembre et à Tours le 1er décembre. La GLI-F4 contient 25 grammes de TNT. Sa dangerosité est connue. Au printemps, à Notre-Dame-des-Landes, elle avait arraché la main d’un étudiant et a par ailleurs causé des blessures irréversibles.

    La France est le seul pays d’Europe à utiliser ce genre de grenade offensive contre sa propre population. Un modèle proche de la GLI-F4 a tué Rémi Fraisse sur la Zad de Sivens en 2014 et le militant antinucléaire Vital Michalon en 1977.

    La grenade qui a tué Rémi Fraisse a été interdite.

    Le type GLI-F4 ne sera pas recommandé une fois le stock épuisé, a promis le ministère de l’Intérieur en juin 2018.

    Mais, pour l’instant, il épuise les stocks.

    Le lanceur de balle de défense (LBD), autrefois appelé Flash-Ball, est l’autre arme très dangereuse dans l’arsenal des forces de l’ordre. Ses balles de caoutchouc de 40 mm causent de graves blessures. Le 24 novembre, Patrick, 59 ans, était venu de l’Essonne manifester pour la première fois de sa vie. Il a reçu un projectile qui pourrait être une balle de LBD et qui lui a fait perdre son œil gauche. Le 1er décembre, à Bordeaux, un manifestant sexagénaire, Guy Bernier, s’est fait arracher la joue par un tir de LBD. Ce même samedi, une jeune homme de 28 ans est resté sur le carreau à Toulouse : Benoit a reçu un tir de LBD dans le crâne. Il souffre de multiples fractures au visage et au crâne. À l’hôpital, il a été plongé dans le coma. Ses jours sont menacés.

    Un jeune homme passé à tabac à Paris

    En matière de violences policières, une vidéo tournée dans le huitième arrondissement de Paris agite la toile depuis ce week-end. On y voit huit policiers en tenue anti-émeute s’acharner à coups de matraques et de pieds sur un jeune tout seul et au sol. « Fils de pute », l’insultent-ils copieusement.

    L’identité de la victime est attribuée par plusieurs articles de presse à Mehdi K. un jeune homme de 21 ans, résidant à Belleville (20e arrondissement), qui était aux alentours des Champs-Élysées avant d’être interpellé.

    Il est depuis hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière après avoir été tabassé par les policiers qui l’ont arrêté.

    Il a reçu une vingtaine de coup et souffre désormais d’une multitude de fractures au côté gauche du visage.

    Il n’est pas certain de retrouver l’usage de son œil gauche. Mais selon Libération le jeune homme de la vidéo n’est pas Mehdi.

    L’intéressé ne s’est d’ailleurs pas reconnu sur une autre vidéo, dévoilée par le quotidien, montrant la suite de l’interpellation.

    Alerté par la vidéo, le parquet de Paris a ouvert une enquête confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), pour « violences par personnes dépositaires de l’autorité publique ».

    Quant à Mehdi K, il a déposé plainte contre X pour « violences aggravées en réunion avec usage d’une arme par des dépositaires de l’autorité publique dans l’exercice de leurs fonctions ».

    mes sources


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  • Une aide-soignante a écrit ceci 

    LE « J'ACCUSE » DE FIONA, AIDE-SOIGNATE 
    "Monsieur le président, 

    Je vous accuse. 
    Je vous accuse, vous ainsi que monsieur Castaner, et l’ensemble de ce gouvernement qui vous soutient, d’avoir non seulement bafoué sans scrupules les droits des citoyens français, mais également la déclaration universelle des droits de l’homme. 

    Vous avez accusé les désormais célèbres gilets jaunes d’être responsables des dégâts humains subis par les forces de l’ordre, ainsi que des dégâts matériels sur Paris et l’ensemble du territoire français. 

    Or, je vous accuse d’être responsables de cet état de crise inédit, que monsieur Castaner définit comme « contentieux social », sans lequel ces débordements et ces drames humains n’auraient pas eu lieu. 

    Je vous accuse, non pour les erreurs de vos prédécesseurs, mais pour avoir aggravé une situation sociale déjà presque invivable, vous qui voyez le monde de façon binaire : "les gens qui réussissent, et ceux qui ne sont rien". 

    Je vous accuse d’avoir, sous couvert de prétextes écologiques, augmenté des charges déjà écrasantes, qui finalement ne seront quasiment pas reversées au budget alloué à l’écologie, dont vous n’avez probablement cure, vous qui vous déplacez en jet privé pour vous rendre en Belgique... 

    Je vous accuse d’exiger des français de grands sacrifices, alors même que vous vous avérez être incapable de montrer l’exemple, tant en matière d’écologie que concernant votre train de vie et celui des gouvernements passés et présents. 

    Vous qui dépensez des sommes exorbitantes, notamment pour de la vaisselle ou une piscine hors sol, vous êtes le premier président français qui prétexte des raisons de sécurité pour ne pas vous baigner sur la plage qui jouxte la résidence d’été présidentielle. 

    Et vous vous étonnez de ce que votre peuple s’indigne ? 

    Lors de manifestations des gilets jaunes, j’ai moi-même, ainsi que des milliers d’autres personnes, été "parquée". 

    Je n’ai pas déposé de déclaration de manifestation, et cela n’a sans doute pas été fait. 

    Néanmoins, selon l’article 7 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, "Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu’elle a prescrites." 

    Or, j’estime que les actes que vous avez autorisé s’apparentent à de la détention : 

    Nous avons été bloqués, autour et dans Paris, par groupes plus ou moins grands, afin de nous empêcher de nous réunir, ce qui constitue une atteinte à notre liberté de circuler. 

    Toute personne portant sur elle, ou ayant en sa possession un gilet jaune était confinée par des barrages policiers, durant plusieurs heures, sans possibilité de boire, se restaurer ou faire ses besoins. 

    Au cours des nombreuses fouilles que nous avons subies, les forces de l’ordre retiraient lunettes de piscine ou de ski, masques respiratoires en papier et sérum physiologique, qui avaient pour seule vocation de nous protéger, et avec lesquels nous aurions été bien incapables de blesser qui que ce soit. 

    Or, il n’existe à ma connaissance aucune loi française interdisant d’avoir ces objets. 

    Vous cautionnez l’utilisation de canons à eau, et autres camions blindés ayant pour but de diviser les cortèges, lesquels sont là par votre faute. 

    En outre, nous avons essuyé des tirs de grenades GLI F4, de Flash-Ball ainsi que des gaz lacrymogènes très concentrés, donnant une sensation d’asphyxie, alors même que la foule était pacifique, encore une fois, pour empêcher les rassemblements de plus grands groupes. 

    Enfin, lorsque, faute de pouvoir respirer suffisamment, nous avons voulu quitter les lieux, les forces de l’ordre nous ont sommé d’enlever nos gilets jaunes et de les laisser sur place si nous voulions sortir. 

    Ainsi, nous devions leur donner notre seule arme, et symbole du mouvement. 
    Certains, paniqués de se sentir suffoquer se sont vus obligés de céder. 
    Parqués, humiliés, et gazés. 
    Cela ne rappelle que trop de sombres heures, mémoires du passé... 

    Vous avez remercié l’ensemble des forces de l’ordre pour leur courage et leur professionnalisme sans jamais souligner ni déplorer que certains aient abusé de leur pouvoir, ce que vous avez donc cautionné. 

    C’est pourquoi je vous accuse d’être responsable de violences policières et de préjudice moral, ainsi que de centaines de blessés, de mutilés, ayant subi des tirs de Flash-Ball en plein visage (alors même que vos forces de l’ordre sont censées viser le bas du corps), ou ayant eu une main arrachée par des grenades GLI F4, que nous sommes le seul pays européen à utiliser pour le maintien de l’ordre, en raison des blessures graves qu’elles peuvent causer. 

    J’estime que l’ensemble de ces agissements, bafouant, entre autres, l’article 432-4 du code pénal et l’article 7 de la déclaration universelle des droits de l’homme, ont été abusifs et disproportionnés, contraires aux droits humains et citoyens. 

    Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le président, à l’expression de mon plus grand respect pour la France et pour ce qu’elle fut. 

    Fiona, aide-soignante et citoyenne française"

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