L'enquête judiciaire sur le transport de dangereux virus à l'Institut Pasteur s'accélère. Christian Bréchot, le directeur général de cette fondation privée reconnue d'intérêt publique, et trois autres personnes sont convoquées pour être auditionnées par les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire (PJ) parisienne.
Ce nouveau rebondissement survient quelques jours après que le quotidien Le Parisien a révélé l'ouverture d'une enquête préliminaire à l'Institut Pasteur en décembre 2016.
L'affaire qu'il s'agit d'éclaircir concerne les conditions de transport et de stockage de façon clandestine de dangereux virus provenant de Corée du Sud.
Trois tubes d'échantillon de Mers Coronavirus, un virus "hautement pathogène", auraient voyagé dissimulés dans une boîte à cosmétiques caché dans le sac à main d'une chercheuse de l'Institut Pasteur de Corée du Sud.
Les échantillons auraient été ensuite rangés pendant cinq jours dans une étagère de l'Institut Pasteur, sans que les autorités sanitaires ne soient averties. Pire, les précautions de conservation n'auraient pas été respectées, d'après le Parisien.
L'incident a été révélé un an après une fuite de la presse coréenne.
Si le virus était inactivé, aux dires du directeur Christian Bréchot, l'affaire reste grave : ne pas déclarer un incident concernant un MOT (micro-organismes et toxines dans le jargon scientifique), est passible de 350 000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement. L'enquête en cours ne manquera pas d'alimenter la polémique autour de dysfonctionnements au sein du célèbre institut de recherche.
"AUCUNE MENACE SANITAIRE", SELON LE DIRECTEUR DE L'INSTITUT PASTEUR
Dans une interview exclusive donnée à Pourquoi docteur, Christian Bréchot explique cette non déclaration à l'ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) du transport du virus par un "problème de communication.
La déclaration à l'ANSM doit être faite par le chercheur titulaire de l'autorisation des MOT.
La déclaration n'a pas été faite, c'est une erreur tout à fait involontaire.
Ce n'était pas au directeur général de Pasteur de la faire.
Toutefois, il réfute l'idée qu'il y ait eu une quelconque "menace sanitaire ni manipulation de la part de l'Institut".